Le business model du football est dans l'instabilité permanente depuis plusieurs années. Il souffre d'une trop grande dépendance aux droits TV. La crise sanitaire ne fait qu'accentuer le risque déjà existant pour les clubs professionnels d'être dans un déficit complètement dépendants des droits TV. Il est toujours possible de se raccrocher à l'idée que le football sera préservé d'une faillite à l'instar de ce que nous avons pu vivre préalablement avec le secteur bancaire. A l'image des banques, on assisterait donc à une socialisation des pertes. Le football serait donc l'exception culturelle.
Comment imaginer sérieusement un tel scénario ?
Nous voyons bien que de nombreux secteurs d'activité sont en apnée. Face à des situations de survie de leur propre travail les citoyens ne seront pas prêts à accepter ce genre de décision. Rappelons que l'hôpital ne dispose pas, aujourd'hui, des moyens nécessaires pour faire face à la pandémie. L'injustice serait-elle supportable ? Difficile à imaginer. Beaucoup de pays se sont déjà transformés en paradis fiscaux, exemptant les joueurs de football d’impôts et de charges sociales. La France a elle aussi cédé à cette tentation, avec le « droit à l’image collective ».
En France, la nomination du nouveau président de la Ligue de football va-t-elle apporter un renouveau au football français et l'inscrire dans le monde d'après ?... Le discours alarmiste de Vincent Labrune pouvait laisser espérer une prise de conscience. La réalité est toute autre. Il propose tout simplement de limiter la Ligue 1 à 18 clubs. Voilà l'idée géniale qui va permettre d'effacer l'ardoise.
Je pense qu'il devient urgent de rappeler quelques propositions connues par tous et qui ne font même pas l'objet d'une réflexion sérieuse des décideurs français et européens :
- La mise en place d'un système de « salary cap » plafonnant la masse salariale des clubs. Il a fait ses preuves aux Etats-Unis. Le «salary cap» existe déjà dans le football européen (en L2 italienne). Il existe aussi avec un certain succès aussi en France dans le rugby (Top 14).
- La nomination d'une "DNCG européenne" permettrait un vrai contrôle comptable et financier rigoureux des clubs car il est évident que les sanctions sont extrêmement rares, voire inexistantes. L'interdiction de la concurrence fiscale déloyale doit s'appliquer en Europe. Il s'agit d'étendre au football ce qui existe déjà pour la fiscalité des entreprises.
- Un droit de regard des supporters sur les finances de leur club. L'actionnariat populaire est une réponse cohérente et une manière d'éviter ce que l'on voit aujourd'hui avec la main mise étrangère sur les clubs.A court terme, les clubs de l'hexagone seront entre les mains d'opérateurs chinois ou américains, voire d'Arabie Saoudite.