Le principal reproche fait au président Waldemar Kita c’est celui d'être incapable de mettre en place un projet de club digne de ce nom. Un projet qui fédère les acteurs et qui apporte de la visibilité sur l’avenir tout en respectant l'histoire du club. Au FC Nantes, cela peut paraître étonnant mais depuis plus d'une décennie... il n’y a pas eu l'embryon d'un seul plan stratégique. Constat consternant lorsqu'on sait que le patron du club est un entrepreneur expérimenté.
Il est vrai que l'année 2018 a vu l'apparition d'un projet urbain appelé YelloPark. Son émergence a été, d'ailleurs, une surprise pour les supporters. L'urgence était-il de construire un nouveau stade ?... La hiérarchie des priorités n'était pas évidente à admettre. Comment comprendre qu'au lieu de reconstruire méthodiquement la "Maison Jaune", le président propose d'investir prioritairement dans la fabrication de la "piscine". Quel était l'enjeu stratégique ?... L'obsolescence de la Beaujoire ?... La démonstration n'était pas probante. Sachant que depuis ce stade a été retenu pour les Jeux Olympiques. La possibilité d'accroître significativement les moyens financiers ?... C'était prendre un risque réel compte-tenu de l'état de fonctionnement du club. L'envie de prendre exemple sur l'Olympique Lyonnais ?... Il y avait, sans doute, un peu de cela. En tous cas, ce projet hors-sol est mort-né. C'est l'histoire d'un terrible gâchis pour l'image du club et sa crédibilité. Et pourtant, il n'est pas besoin d'être grand clerc pour identifier les fragilités du club.
Prenons l'exemple du recrutement. Tous les 6 mois, la vie du FC Nantes est rythmée, comme celle des autres clubs, par un événement majeur : le mercato. C'est à, chaque fois, l'espoir de pouvoir décrocher (enfin) le gros lot. Les passionnés sont des gens déraisonnables... mais les dirigeants le sont sans doute encore plus. En fait, depuis quelques années cet exercice nous l'abordons avec inquiétude. Nous le redoutons même. Comment être performant face à la concurrence lorsqu'on ne dispose pas du même armement que l'adversaire ?... Faisons le constat ensemble. Notre cellule de recrutement est inopérante et elle répond aux abonnés absents. La stratégie de recrutement est inexistante. Les recrutements se font aujourd'hui, par défaut, le dernier jour du mercato et parfois à la dernière heure. Ils s'organisent , dans un tel contexte, au profit de deux agents qui deviennent incontournables. Au risque de ne plus pouvoir travailler avec les autres. Et ce n'est pas, ici, faire le procès des salariés du club, mais bien celui du système mis en place.
Sans projet de club, il n'y a pas de cohérence globale.
L'approche est systémique : tout est dans tout et réciproquement... En effet, comment peut-on définir la politique de recrutement sans la mettre en relation avec le projet de jeu de l'équipe. La cellule de recrutement ne fonctionne pas à côté : : elle est partie intégrante de la structure technique. Les grands clubs pensent leur stratégie de recrutement à 5 ans. Et pour cela, il faut définir le choix d'un système de jeu et s'y tenir. Le FC Nantes fait strictement l'inverse. L'ère Kita se caractérise par une "consommation" impressionnante d'entraîneurs. Concernant la période récente pour les 4 dernières années il y a eu : Sergio Conceicao, Claudio Ranieri, Miguel Cardoso, Vahid Halilhodzic, Christian Gourcuff. Il n'échappe à personne que ces entraîneurs proposent des visions du jeu radicalement différentes. Autre problème : la longévité dans le poste va seulement de 3 à 12 mois. Comment expliquer un tel état de fait ?... En guise d'explication, la Direction se cantonne à dire qu'elle n'a jamais eu le moindre conflit avec un entraîneur. Nous avons donc évité le pire !!!
Il serait aisé de faire la même démonstration avec les autres fonctions du club. La gestion des contrats des joueurs est une catastrophe. Il est plus facile de comptabiliser les joueurs qui partent gratuitement du club que ceux qui font l'objet d'un transfert payant. Là encore, impossible de mettre en place une gestion prévisionnelle des contrats sans une capacité d'anticipation sur les besoins à satisfaire. Dans les grands clubs, le centre de formation (Académie) n'est pas un élément isolé qui pense sa manière de travailler hors du projet de jeu. A Nantes, dans le passé il était le coeur de la stratégie. Par ailleurs, les interactions entre les composantes du club ne s'improvisent pas et elles ne reposent sur le bon vouloir des acteurs. Les conflits internes sont le reflet du management mis en place.
Dans un projet de club, est-il possible d'imaginer ne pas inclure les supporters du club et ceux qui sont à l'origine de son histoire?... Les anciens joueurs ne sont jamais sollicités. Quant au public, il a déserté : il suffit d'analyser les affluences sur les dernières saisons pour voir que le club n'a plus la même attractivité. Malgré un gros effort de marketing, le nombre d'abonnés est en chute libre depuis déjà plusieurs années. Comme jamais auparavant, les passionnés du club manifestent leur défiance vis à vis des choix de la Direction.
Ce constat réalisé, peut-on encore aujourd'hui croire, dans le contexte actuel, qu'un "vrai" projet de club puisse (enfin) se construire avec la présidence actuelle ?...
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