Mediapro a acheté pour 800 millions d'euros les droits TV de 80 % du championnat de France de la Ligue 1 et 2 pour les 4 prochaines années. Son président Jaume Roures affirme que son enchère correspond au prix du marché. Il avoue avoir fait ce choix en sachant qu'il ne pouvait l'amortir dès la première saison. Il oublie de préciser que sa stratégie n'était pas de pouvoir le faire lors des saisons suivantes mais de revendre ses droits à d'autres opérateurs en faisant à chaque fois une plus value.
Le football professionnel n'est plus seulement une "industrie du spectacle" où l'on privilégie, depuis quelques années, les spectateurs au détriment de ceux qui sont l'âme de ce sport : les supporters. Dorénavant, c'est devenu un "marché financier" où l'on spécule sur le dos des passionnés. Soyons clair : la vente des droits TV n'a eu comme seul victime les amoureux du foot. Chaque année, nous sommes ballotés d'un opérateur à l'autre et les prix flambent à notre détriment. Soyez pas inquiets pour Canal +, Bein sport ou RMC ils vont savoir réajuster leur business plan. Quant à Mediapro, affirmer que le problème actuel est lié à la Covid est à peine risible. A l'inverse, l'interdiction d'aller dans les stades devraient, aujourd'hui, faire exploser les abonnements. Ce n'est pas le cas : il y a seulement 600 000 abonnés ... là, où ils devraient être plus de 3 millions.
Le projet de Mediapro c'est de faire de la vente à la découpe. Comme dans l'immobilier. Vous faites l'acquisition d'un bâtiment et vous pouvez revendre ensuite chaque appartement. Les matchs intéressants sont proposés, au meilleur prix, pour dégager un bénéfice conséquent. Mais les autres acteurs ne sont pas rentrés dans cette combine et, nul doute, qu'ils seront de redoutables négociateurs si les droits TV font l'objet d'une nouvelle mise en vente.
Comment la Ligue va-t-elle pouvoir se sortir de ce piège, elle qui n'a pas été soucieuse de prendre les garanties qui s'imposaient ?... Est-ce que cette faute s'apparente à de l'amateurisme ou une forme de complicité ?... Les italiens ont été plus perspicaces en refusant de cautionner un tel système. Et que penser aussi de Quilliot et de Boy de la Tour qui se sont octroyés, avant de quitter le navire, de sympathiques primes parce qu'ils avaient conclu le contrat de siècle.
Les cochons de payeur sont aussi les dindons de la farce. Le plus grave c'est que cette situation va avoir de terribles conséquences sur le devenir du football français. Comment comprendre le peu d'écho qu'elle peut avoir actuellement dans la presse sportive. Le silence est pesant. Il serait grand temps que les passionnés de football se mêlent enfin de ce qui les regarde, à savoir l'avenir de ce sport dans notre pays.
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